Du rififi à la sacristie archives…

C. KAYSER :

RIFIFI à la sacristie? Pourquoi pas, cela se produit de temps à autres un peu partout. Et pourtant « IL » avait dit : aimez-vous les uns les autres. Lisons: la soirée récréative donnée dans la salle de bal de l’hôtel de Jouvence avait fait salle comble. Le Bien Public et le Progrès ont publié exactement le compte-rendu de la soirée envoyé par Monsieur Béranger, vice-président de la fanfare de Messigny. Le 1° mars paraissait dans le Bien Public une rectification provoquée par un membre actif du clergé local. On lit: Notre bonne foi ayant été trompée au sujet du compte-rendu qui nous a été envoyé au sujet d’une soirée récréative donnée par la fanfare de Messigny, nous nous empressons de remettre les choses au point. Le compte-rendu de cette soirée récréative exaltait tout particulièrement la pièce intitulée » Le Petit Babouin » et la présentait comme très morale. La vérité est que cette pièce est des plus condamnables même après les retranchements que certains pères de famille (catholiques) ont obtenus, elle est restée mauvaise.Monsieur le curé (Pierre Fertat) avait interdit aux jeunes filles du choeur de chant de se rendre à cette séance. Malgré les pressantes instances auxquelles il a fallu résister, pas une seule d’entre elles n’a transgressé la défense, et même plusieurs autres les ont imitées. Honneur aux jeunes filles du choeur de chant de Messigny. Ajoutons que nous saurons à l’avenir nous défier de l’envoi de certains articles.

La riposte ne se fit pas attendre.Le ‘Bourguignon’ local écrit:nous avons lu dans votre estimable journal l’article en question. Il nous semble que votre correspondant anonyme a donné son appréciation au point de vue religieux. Or, la religion est une chose trop respectable pour qu’on la traite légèrement ou qu’on la fasse intervenir sans nécessité. Personnellement je ne permets jamais qu’on l’attaque en ma présence, je prends sa défense de même celle de ceux qui la pratiquent. J’ai ouvert la séance moi-même en remerciant les personnes présentes de leur empressement à répondre à notre appel mais je n’ai rien dit des absents qui sont libres d’aller ou ils veulent. Quant à la pièce si décriée et si immorale que vous citez elle ne pourrait certes pas être présentée dans une église. Que doit-il vous écrire quand il parle du théâtre-bal de la mi-carême à l’Eden, des fêtes de la mi-carême à Semur, du succès de la Veuve Joyeuse?
Signé: pour le Conseil d’administration et par ordre – le Bourguignon.

Si cet événement met aux prises les cléricaux et leurs adversaires, il n’en demeure pas moins que la courtoise se maintient dans des normes acceptables dans cet envoi au Bien Public.

Cependant il n’en est pas de même dans une lettre anonyme non publiée. Que l’on en juge: « Nous avons été blâmés par Monsieur le curé qui a dit publiquement à l’église le dimanche 23 février entre les vêpres et le chapelet que notre spectacle était immoral et que par conséquent il serait coupable d’y assister, il a défendu tout spécialement aux jeunes filles d’y aller leur faisant même des menaces. C’est une insulte que nous ne pouvons admettre d’autant plus qu’elle a été inventée dans le but de nous nuire en réduisant nos recettes. Il vient de temps en temps à Messigny des acrobates, des comédiens, des cinématographistes de divers genres dont les programme ne sont souvent pas aussi bien triés que les nôtres. Monsieur le curé ne dit jamais rien pour leur nuire, il réserve tout son venin pour la meilleure société du village. Pourquoi? Tout simplement parce que nous ne voulons pas dépendre de lui, que nous voulons rester libres. Beaucoup de curés, celui d ‘Is-sur-Tille, par exemple veulent tout régenter, tout conduire, tout dominer, en un mot mettre la discorde partout: les Violettes de la Tille, les Semeurs de la vallée de l’Ouche. Puisque nous agissons si mal jetons un peu nos regards sur ce qui se dit dans les églises ».

Ndlr: dans un siècle sera sans doute évoquée la séquence d’aujourd’hui » du Rififi à la sacristie ». Nous ne serons plus là pour lire et sourire mais nous laisserons suffisamment d’éléments pour amuser la galerie future.

Source: archives privées.

LA VIGIE CITOYENNE.

 

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