Georges Balliot :
A Sainte FOY, hameau de Val-Suzon, vivait Mme et M. CARNOVALI avect sa soeur dans la
propriété enserrée dans la boucle de la route d’accès à Curtil St Seine. Monsieur CARNOVALI était marchand ambulant, vendant notamment des vêtements pour hommes et femmes, plus des chaussures en tous genres. Possédant deux camions il se déplaçait régulièrement dans un large périmètre allant de Dijon-Nord à IS/TILLE,SELONGEY, St SEINE L’ABBAYE, SOMBERNON et la vallée de l’Ouche.
Bien que rattaché administrativement à VAL- SUZON le hameau de Ste FOY, à 6 kms de VAL-SUZON et 6 kms de MESSIGNY vivait en réalité plus particulièrement avec MESSIGNY, en raison des commerces et de la poste sans oublier l’accès direct avec DIJON. Sainte FOY était par ailleurs bien connu du tout dijonnais en raison de la réputée Auberge de Lucie et Marcel FLOCARD. Un peu en avant de cette auberge le château de la famille DEBEYRE, professeur universitaire à LILLE. Face à l’auberge quelques bâtiments anciens, détruits depuis les années 1960 et le plus souvent occupés alors par des bûcherons ou charbonniers.La halte gare du petit tacot DIJON AIGNAY LE DUC n’était plus habitée. Ainsi se résumait ce modeste hameau concourant à la beauté du site du Val Suzon. Site harmonieux et paisible qui allait néanmoins connaître un drame affreux en Juillet 1944.
Comme le supposé stock de chaussures, notamment, allait intéresser le groupe F.F.I. du maquis Tarzan, six hommes seront chargés depuis Valduc au nord de Moloy de venir s’approvisionner chez CARNOVALI à St Foy. Au petit matin du 22 Juillet 1944, les 6 maquisards arrivent à Sainte FOY. Mais ils ne peuvent pénétrer dans la cour donnant accès à la maison CARNOVALI, un solide chien les tenant en respect, avec sa laisse attachée à un câble aérien tendu en diagonale dans la cour centrale. Devant l’impossibilité de se faire entendre, il est décidé d’abattre le chien. Les maquisards entrent alors dans la propriété et l’un d’eux Gaston BEAUNE (dit l’Aigle au groupe Tarzan) se dirige vers le perron pour aller frapper à la porte. Il monte le perron…et n’ira pas plus loin. Une fenêtre s’est ouverte un canon de fusil s’y pointe et Gaston BEAUNE est abattu mortellement atteint. L’un des maquisard Georges LETY, protégé par un feu continu de ses camarades ira récupérer Gaston BEAUNE pour le charger dans l’auto. La décision est prise alors d’un retour immédiat de tous à Valduc. Sans doute la grosse erreur? Peut-être aurait-il été préférable de placer au moins deux hommes en embuscade pour bloquer la famille CARNOVALI.
Car à peine étaient-ils partis que CARNOVALI descendait à la cabine téléphonique de l’auberge FLOCARD pour appeler directement la Gestapo.Laquelle arrivera rapidement. Vers 10 heures le hameau était encerclé, Marcel FLOCARD sera arrêté, ainsi que René BROIN un ouvrier agricole demeurant à Curtil St Seine et Désiré PLAN le garde des Eaux et Forêts de Curtil St Seine également.Ces trois hommes seront transférés à la prison de Dijon pour être relâchés début Août après les sévices alors de rigueur bien que ni coupables ni complices.
La famille CARNOVALI sera protégée par la milice jusqu’à son évacuation en un lieu tenu secret. A la Libération la famille CARNOVALI avait quitté la France pour l’Algérie. La soeur Marthe étant restée sur le territoire français, la justice s’intéressant de son cas. Le 15 Janvier 1946 la Cour de Justice déclare » par contumace » Jean CARNOVALI coupable de port d’arme, d’intelligence avec l’ennemi, d’homicide volontaire et le condamne à la peine de mort, avec confiscation de tous ses biens et aux dépens.
En 1954, il rentre en France, se constitue prisonnier et prend Maître FLORIOT comme avocat. Jugé, non seulement il échappera à la peine de mort mais sera relaxé « …pour bonne conduite au cours de la guerre 1914/1918… »
Retiré à SENONGES (Vosges) il portera plainte pour pillage de ses biens. La gendarmerie de Plombières les Dijon sera appelée à procéder à une enquête. Plusieurs personnes de Messigny seront interrogées, j’étais du nombre. Aucune suite ne sera donnée. Mais les preuves sont là, chez les CARNOVALI , membres reconnus de la Gestapo n° 215 et 216 (lui et sa soeur).
Une autre preuve: le 12 janvier 1955 CARNOVALI écrivait à son ami Pierre CIGARDI, pour obtenir de lui une attestation à propos du pillage dont il avait été victime, avec demande de réparation.Là commence une nouvelle énigme, avec une grosse surprise, dont je vous entretiendrai.
L.V.C :
Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous aurions refusé de cautionner, si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance. Stéphane Hessel.
LA VIGIE CITOYENNE.