Le tacot arrive en gare de Messigny le 26 août 1903 …

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La chef de gare de Messigny, et notre si sympa petit tacot.

En tout début du XXème siècle, Messigny, tout comme Vantoux, avaient leur propre gare. Comme « les temps » changent …et vite !

C’est le 26 Août 1903 que le premier train a quitté la gare de Sévigné, à Dijon, à 9h 30 pour son parcours inaugural. A 10 h 30 il entrait triomphalement en gare de Messigny au milieu d’une foule immense venue là pour l’accueillir, au son de la Marseillaise jouée par la fanfare locale en son honneur. Quel événement, vous imaginez aisément ! Du train sont descendus, le Ministre de la guerre, le Préfet, le Conseiller Général et quantité d’autres personnalités. Monsieur RACLOT, maire de Messigny, prononcera l’allocution de bienvenue. Puis toutes ces personnalités remontèrent dans le train pour rejoindre Val-Suzon Haut, terminus d’alors. Le parcours jusqu’à St Seine l’Abbaye ne devenant possible qu’à partir du 15 décembre 1903.

La ligne sera effectivement ouverte le 15 Septembre 1903, avec le premier train en partance de Sévigné à 6h06 avec arrêt à Messigny à 6h55 et Val-Suzon Haut 7h31. Le train partait de la gare Sévigné, en bas du boulevard du même nom, traversait la place Darcy, avant d’arriver place de la République par la rue Devosge, gagnait ensuite la gare Porte Neuve par la rue de Mulhouse, coupait la route de Langres au chemin de Presles, pour joindre Ahuy, Vantoux, Messigny, Val-Suzon. Puis par le Val-Courbe, plus tard, St Seine l’Abbaye, puis Aignay le Duc son terminus. Comme le dira plus tard et si bien Fernand Raynaud sur un tout autre sujet, il lui fallait :… «  un certain temps » ! Il n’en était pas moins très ponctuel, sauf parfois l’hiver où la neige et le verglas, lui jouaient des tours ! Ce petit « tacot » finira par faire partie du décor du Val-Suzon. On l’admirait beaucoup dans la vallée du Suzon. On le voyait venir de loin, annoncé par son panache de fumée noire ou blanche. A une ou deux minutes près, avec lui, nous avions l’heure. Ce qui avait aussi son importance autant pour les écoliers, dont j’étais, que pour les travailleurs des champs et des bois.

Grace à lui, la « campagne » pouvait enfin aisément descendre à la ville, et les citadins goûter aux joies de la campagne, surtout au parc de Jouvence. Pour tous un progrès énorme ! Phénoménal à l’époque, compte tenu des moyens mécaniques qui n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Imaginez l’audace d’un tel projet et ce qu’il aura fallu d’hommes pour le conduire à son terme. La déclaration d’utilité publique avait été faite le 15 Mai 1899. Il n’aura fallu que 4 ans 4 mois pour l’ouverture jusqu’à Val-Suzon et 4 ans et 7 mois pour la liaison avec St Seine l’Abbaye. On croit rêver…même pas 5 ans ! Nous sommes alors loin des promesses d’aujourd’hui qui n’arrivent jamais à leur terme.

Messigny avait donc une gare, avec à sa tête une chef de gare Madame MERCIER et 3 ou 4 employés pour entretenir la ligne. C’est finalement le parc de Jouvence qui allait bénéficier pleinement du passage du « tacot ». Une halte y sera d’ailleurs installée. Chaque dimanche des trains spéciaux assuraient le parcours DIJON- JOUVENCE pour transporter une foule de dijonnaises et dijonnais qui venaient y pique-niquer. A tel point que l’Administration des Eaux et Forêts fut contrainte d’organiser des tours de surveillance, avec son personnel, pour conseiller et veiller à la préservation des lieux.

En septembre 1921, sur cette voie, à la sortie de Messigny allait s’ouvrir un embranchement pour servir à l’évacuation des pierres de la carrière des Archignolles. Traversant la route il passait sur le talus, dont on voit encore la forme, pour se rendre dans la carrière où, du haut d’un portique, dont les piliers sont encore existants, les wagonnets déversaient la pierre dans les wagons. Il sera supprimé le 15 Janvier 1931, la carrière ayant cessé ses activités en 1926. Un nouvel embranchement sera aménagé en 1938 pour desservir la carrière à l’entrée de la combe d’Arvault où là les wagonnets traversaient la route du vallon pour déverser dans les wagons en contre bas. C’est dans cette tranchée que la colonne allemande se positionnera le 8 Septembre 1944 lors du combat de Messigny..

Dans les années 1930, 4 employés, résidant à Messigny, veillaient à l’entretien des voies entre DIJON et VAL-SUZON : Messieurs Georges PERNOT( avec son épouse devenue chef de gare) FLECHE, Robert RIGAUD et André RENOT. Hélas en Septembre 1939 survint la guerre. Laquelle allait sonner la fin des réjouissances et le déclin du « petit train ». Pendant la guerre les voyageurs devinrent beaucoup plus rares, dès lors qu’Il n’y avait plus rien à commercer ! Le petit tacot allait surtout servir au transport des marchandises, notamment : pierres des carrières et bois des forêts du Val-Suzon comme du Chatillonnais. Il n’y eut plus alors que quelques trains de voyageurs dans la semaine.

Comme les grands trains, notre sympathique petit tacot allait connaître deux bien tristes aventures en 1944. D’abord le 1er Septembre 1944 avec un mitraillage en gare de Vantoux, mais sans trop de dégâts. Puis le 5 Septembre 1944, lorsqu’à l’arrêt en gare d’AHUY, il fut mitraillé par les avions de la Libération. Là il y eu des morts et plusieurs blessés dont Geneviève BROIN aujourd’hui madame TISSIER. La locomotive était trouée de toutes parts, laissant échapper sa vapeur comme dans un dernier soupir. Notre petit tacot faisait peine à voir, criblé qu’il était de balles et d’obus. La gare d’Ahuy, en feu, ne sera pas reconstruite.

Mais, contrairement à ce qui s’est écrit parfois, ce n’était pas sa fin. Pendant près de 3 années encore, le petit « tacot » continuera d’animer le Val-Suzon, notamment avec des transports de bois vers Dijon. Mais l’élan était brisé, l’automobile sur la route voisine le narguait de plus en plus. Le 5 Juillet 1948 passait le dernier train de bois, avec la locomotive n°47. Le tout dernier sera celui qui allait servir au transport des rails démontées, au fur et à mesure, en repartant sur DIJON. Comme on le voit, même si aujourd’hui tout cela peu paraître assez étrange, Messigny comme Vantoux auront connu les joies de la voie ferrée, surtout pour les enfants !

La municipalité se rendra propriétaire de l’emprise de la ligne jusqu’au chemin conduisant à la passerelle de la rue du Bief, ainsi que de la gare et de son terrain environnant. L’ancienne gare deviendra provisoirement école maternelle, puis sera louée à M. SALAH avant d’être vendue à la famille GODOT. Cette habitation très bien entretenue n’en a pas moins conservé son style très sympathique de gare. L’emprise de la voie ferrée, une fois aménagée, deviendra ce que tout le monde connait aujourd’hui comme étant « la rue du Stade ». Superbe ligne droite, avec le Val-Suzon et la Roche-Château dans la perspective. Dommage que tant de poteaux (électricité et téléphone) en détruisent la beauté. Partout ailleurs les lignes ont été enterrées. Comprenne qui pourra ! .

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G. BALLIOT

Légende des photos-

la Chef de gare madame MERCIER à l’accueil du train en gare, avec son mari pour en donner le départ.

Le 26 Août 1903, jour de l’inauguration de la voie en gare de Messigny.

LA VIGIE CITOYENNE.

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