Faisan
par Gkak
Vulnérable, altier, solitaire,
Casque vermillon, collier blanc,
Ange doré chuté sur Terre,
L’angoisse corsète tes flancs.
Tapi au sol tel un gisant,
Au moindre écho saisi d’effroi,
Tu passes ta vie de faisan
Motté dans un sillon étroit.
En son poulailler qui l’encage
Ton fier cousin chante, narquois,
Mais à découvert, au bocage,
Pour survivre, un coq se tient coi.
Quand l’automne, saison des chasses,
Enchaîne battues et poursuites,
Mutisme et sang-froid te cuirassent,
L’immobilité est ta fuite.
Cris humains, abois aberrants,
Ponctués de feu, de mitraille,
Te délogent. Gibier errant,
Tu t’épouvantes, tu criailles.
Ton aile éploie ses couleurs franches
Mais s’effondre au pied de la haie…
Ton œil se clôt, fixant les branches
Des arbres de haute futaie.
LA VIGIE CITOYENNE.