
Légende : le bureau de poste construit en contre bas de l’église, devenu salon de coiffure en 1978, recouvert de 50 à 60 cm de neige, le vendredi 26 Novembre 1971.
Non, vous ne rêvez pas !…Ce n’est que le titre d’un « papier » paru dans les dépêches le 19 Septembre 1977. Il s’agissait alors d’un nouveau transfert du bureau des P.T.T. situé en contre bas de l‘église, pour l’installer rue des écoles. Transfert justifié par le développement de la population, le trafic postal qui s’en suivait, et surtout en un lieu avec stationnement aménagé, rendu possible. Cette construction, 16 bis rue des écoles, entre le groupe scolaire et la salle Jobard, c’est l’entreprise locale COLJA qui en obtiendra la charge après adjudications. C’est d’ailleurs lors de ces travaux que la porte cochère, située à l’arrière de l’école des garçons sera déposée. Pour réapparaître étrangement, de nombreuses années plus tard, comme porte d’accès d’une propriété privée, après une petite grimpette de 5/600 mètres.
Ce nouveau bureau de poste allait ouvrir le 15 Mai 1978. Seulement 42 ans plus tard, il est sérieusement question de le fermer, en raison d’un trafic devenu trop faible…d’autres avancent le manque de réactivité de la municipalité qui n’aurait pas réagit dans des délais accordés. Quoiqu’il en soit, il semble bien que les jours de ce bureau de poste, déjà à moitié en sommeil depuis quelques années, sont aujourd’hui « en points de suspension ». Il serait pourtant absolument consternant de voir Messigny et Vantoux perdre encore un nouvel atout de son attractivité et de son renom d’hier. Selon les P.T.T. il ne serait plus question que d’une Agence Postale, soit d’un local à superficie modeste. D’où une destination nouvelle, après correction des lieux de l’actuel bureau des P.T.T. de la rue des Ecoles.
Une fois de plus il nous faut constater que le progrès ne s’attarde pas sur les sentiments. Entre une génération qui a encore besoin des progrès du temps passé, et celle qui a les atouts pour s’en affranchir, il serait pourtant extrêmement sage de savoir maintenir les pratiques du passé pour que ne se creuse pas un fossé d’incompréhensions entre les anciens et les modernes. N’est ce pas cela aussi la vie harmonieuse d’un village ou d’une ville ? Ce qui laisse augurer qu’à leur tour, si on ne parvient pas à cette harmonie, quoi que pourrait en penser aujourd’hui la jeunesse, demain elle sera tout autant balayée par les forces du progrès. Lesquelles souhaitent toujours tout effacer au plus vite, au nom du seul profit financier et d’un prétendu progrès.
C’est par décret du 10 Avril 1808 que fut créé, là où se situe l’actuelle boucherie, le premier bureau de poste à Messigny et Vantoux pour ouvrir le 1er Novembre 1808. De là il sera déplacé en 1910 sur la place, au dos de l’église. Puis, après suppression d’un virage devenu extrêmement dangereux en raison de la circulation autos qui se densifiait, en 1938 sera construit un bâtiment P.T.T. important, avec logement pour le receveur. Situé cette fois en contre bas de l’église, entre la boucherie PALLEGOIX et la rue Bochot. Il entrera en service, pendant la guerre, le 30 Janvier 1940. Ce bâtiment était devenu une nécessité au vu de l’importance du trafic postal et autre, avec 3 facteurs y étant affectés, en plus du receveur. Son emplacement, certes central, était pourtant loin d’être idéal, en raison de l’impossibilité de stationner. D’où le transfert qui s’est logiquement imposé rue des Ecoles en 1978. Entre temps une cabine téléphonique publique était installée, sur le trottoir, face où s’était tenu le tout premier bureau de poste. Condamnée par le développement des « portables » elle sera assez rapidement supprimée, devenue quasi inutile.
Comme ils sont loin nos braves facteurs d’’hier. Qu’importe le temps, à pied ou à bicyclette, c’était pour eux le porte à porte journalier. Ils étaient la colonne vertébrale de toute la population de leur tournée, prenant le temps « d’un bonjour », de s’enquérir d’une santé déficiente, d’apporter si besoin : médicaments, pain, etc… Pour une famille éloignée c’était l’homme qui pouvait avertir en cas de nécessité. On ne soulignera jamais assez le rôle social du facteur d’alors, allant bien au-delà de sa stricte fonction, et pourtant si mal rémunéré. C’était loin d’être le fonctionnaire seulement méritant, appliqué, discret et discipliné. Avec le temps et les contacts il était devenu comme un membre important dans la vie de chaque famille. On pouvait compter sur lui, toujours présent et à l’heure, d’un bout à l’autre de l’année. Mais aujourd’hui, avec les contraintes sans cesse renouvelées de veiller à la rentabilité, sont outrageusement délaissées toutes ces évidentes relations humaines qui s’étaient tissées au fil du temps, par delà une fonction. N’est- il pas dommageable de perdre, jour après jour, ici et ailleurs, toute la richesse de ces relations sociales « qui n’avaient pas de prix », au nom du fric ? Quel gâchis… !
G. BALLIOT
LA VIGIE CITOYENNE.