Pour Messigny et Vantoux, Jouvence reste tout un symbole. A cela diverses raisons : les sources, la forêt, les promenades, et tout le passé qui s’y rattache. Avec le temps c’est devenu un tout indéfectible, d’autant qu’étant paré d’une certaine renommée. Certains vacanciers y étant passés, pour stationner une nuit, pensaient –ils… Ils y sont restés toutes leurs vacances, pour y revenir l’année d’après et encore tant d’autres à la suite. Au point qu’ils sont devenus dijonnais et se sont enracinés en Côte d’Or. Pour cette famille et d’autres, le VAL-SUZON avec Jouvence, est un des plus beaux coins de France. Et c’est ainsi, par exemple, que Monsieur Jacques BARRE de CLAIRAVAUX finira par écrire, avec talent de très judicieuses réflexions en de nombreux ouvrages sur Jouvence et tout le Val-Suzon. Devenant par là même, l’un des plus ardents défenseurs du site. De toutes ses promenades dans le Val-Suzon rien n’échappera à sa sagacité.
La source de Jouvence a permis a Henri FREMIET, dit » Commandant FREMIET », devenu maire de Mesigny, de tenir sa promesse faite à Montserrat en Espagne, alors qu’il souffrait de la soif. Après 3.353 mètres de canalisation, jusqu’au réservoir situé en haut de la ruelle au Pauvre. C’est ainsi que l’eau courante arriva à Messigny en 1829. Même si un second captage, plus en amont, sera rendu nécessaire pour alimenter le réservoir dans de meilleures conditions. A noter que la porte d’accès (sorte de porte blindée) du premier captage offre, en relief, quantité d’outils artisanaux. En ce lieu, elle est superbe, sous sa voûte faite de pierres percées.
Pour être précis, la source de Jouvence est située en forêt domaniale dite de Val-Suzon, territoire d’Etaules. Avant d’entreprendre les captages, que ce soit pour Messigny comme pour Dijon avec la conduite Darcy et la source du Rosoir, il a fallu préalablement obtenir l’agrément de l’administration des Eaux et Forêts dès lors qu’ils avaient lieu en forêt domaniale.
Les années pluvieuses, le trop plein du captage de Messigny et Vantoux alimente une belle cascade qui ajoute beaucoup à la beauté générale du site de Jouvence. Le « tacot »aura, lui aussi, notablement contribué à la renommée du lieu en y acheminant, dimanches et jours de fêtes, des dizaines et des dizaines de voyageurs dont nombre d’entre eux venaient pour pique-niquer. Dans la années 1930, la C.G.T. organisera à Jouvence de très grandes fêtes. Le parc de Jouvence était alors, dans l’allégresse générale, empli de chants et musiques, avec bal et jeux divers. On y fêtait l’avènement des congés payés !
Devant cet afflux de touristes les dimanches et jours fériés l’Administration des Eaux et Forêts sera conduite à organiser un service spécial de surveillance pour éviter les dégradations et les possibles incendies. Jouvence était devenu la « sortie », la « fête » et plus encore le lieu idyllique des amoureux. Combien d’arbres ont été témoins et ont porté longtemps les marques de ces amours, tracées aux couteaux. Même la table en pierre de la source « Baise Mamie » servait d’écritoire à tous ces élans des jours heureux qui ne pouvaient plus se contenir et qu’il fallait transcrire ! C’est aussi ça l’Amour ! Surtout en un tel lieu : « JOUVENCE ».
Le laboratoire pharmaceutique, installé rue du Moulin après l’usine de moutarde, élaborera et mettra en vente pour les pharmacies du « thé de JOUVENCE ». Lequel thé avec semblable étiquette connaitra le succès.
Puis JOUVENCE connaitra la mésaventure d’un important directeur commercial dijonnais, en fin des années 1930, qui y perdra son porte feuille, avec tous ses papiers et une importante somme d’argent. Des recherches furent organisées, une forte récompense promise, mais sans succès hélas !
Je ne saurais oublier, et il vous faut savoir, que Jouvence fut également, à partir de 1942, un lieu de rencontre pour servir la Résistance. Donner des infos, recevoir des consignes, préparer un terrain de parachutage. En semaine le lieu était idéal. La preuve il a fonctionné, pendant deux ans, sans le moindre incident à noter.
Mais Jouvence sera aussi le lieu attitré de quelques malfrats. En exemple ce couple dijonnais qui le 26 juin 1961 avait choisi Jouvence pour une promenade et la recherche de fraises des bois avec leur petite fille. De retour à l’auto ils devaient constater que la portière avait été ouverte et des vols commis à l’intérieur du véhicule. Aussitôt le rapprochement se fait avec deux cyclistes aperçus peu auparavant. Aussitôt cette famille part sur Messigny pour tenter de rattraper ses supposés voleurs. Sur sa route au pied du sentier qui conduit à la maison forestière de » Combe au Magister » elle stoppe devant deux agents forestiers en uniformes qui descendaient de la maison forestière. Aussitôt les deux agents forestiers se lancent dans la recherche, l’un à pied l’autre à bicyclette. L’un des présumés voleurs sera arrêté rapidement, caché qu’il était dans un buisson, bien qu’ayant brandi un révolver sous le nez de l’agent forestier il se retrouvera à terre. L’autre fuyard sera rattrapé à l’entrée de Messigny par le second forestier lancé à sa poursuite. Les gendarmes de Plombières appelés conduiront la suite de cette affaire. Les deux voleurs, dont l’un récidiviste, seront traduits devant Le tribunal correctionnel de Dijon le jeudi 2 Novembre 1961, le récidiviste sera condamné à 8 mois de prison, l’autre à 1 an avec sursis.
Ce parc de Jouvence a beaucoup perdu de son attrait. Les promeneurs s’y font de plus en plus rares. Mais c’est vrai aussi que ce parc ne connaît plus l’entretien qui lui était encore consacré dans les années 1960. Mais surtout des changements de comportement se sont opérés. Les amoureux d’aujourd’hui n’ont plus ce réflexe ou cette pudeur de s’isoler comme hier. De nos jours, dites -moi un peu où serait le charme d’aller conter le lundi matin votre belle sortie du dimanche au parc de Jouvence ?… Oui, les temps ont changé. Hier on ne parlait pas d’écologie, de préservation de la nature, mais ces règles de bon sens étaient respectées. Aujourd’hui on en parle mais on respecte peu ! G.BALLIOT

Le billet de chemin de fer d’alors recto verso .
L’ancien chalet, installé près de la source. Rien n’est venu le remplacer.
LA VIGIE CITOYENNE.