LA VIE DE NOS FORÊTS …

Par les 2 publications précédentes vous avez pu prendre connaissances des études de 23 Ingénieurs des Eaux et Forêts, publiées en 1967 par le Ministère de l’Agriculture. Dès lors, vous êtes aujourd’hui mieux à même de pouvoir objectivement comparer avec ce qui se passe, de nos jours, en forêts.

L’Office National des Forêts est né d’une loi votée le 23 Décembre 1964, publiée au J.O. le 24, page 11503, pour une entrée en vigueur le 1er Janvier 1966. L’année 1965 devant servir aux transformations diverses à apporter, suite à ce transfert. Un Directeur Général intérimaire, Fernand GREVISSE, aura cette mission en charge. Le 6 Janvier 1966 sera installé le Conseil d’Administration de l’O.N.F. par le Premier Ministre Georges POMPIDOU. Michel JOBERT, son secrétaire général, en sera nommé Président et M. Christian DELABALLE Directeur Général.

Malgré tous les avertissements donnés, les « tenants » de cet Office, à caractère industriel et commercial, persistaient dans leur croyance en la rentabilité. Pour eux c’était une évidence devant l’importance de la couverture forestière des territoires français. Tous mesuraient mal, alors, l’impact commercial de l’Etablissement. Le Directeur Général plaidera même devant les Ingénieurs « l’obsession de la productivité ».Comme si une forêt se gérait à partir d’une telle règle. C’était ignorer que chaque massif forestier est conduit, pour les décennies à venir, à partir d’un aménagement qui lui est propre. Il faut comprendre là que chaque massif, selon sa nature (taillis sous futaie-futaie de hêtres- futaie de chênes-résineux-) est conduit, selon l’altitude, les sols, les pentes, les orientations puis à des règles strictes d’exploitabilités en volumes. Ceci en vue d’améliorations sylvicoles qui devront s’appliquer à chaque passage d’exploitations. Autant dire que, sauf catastrophe, l’avenir d’un massif forestier est tracé d’avance. Le métier du forestier de terrain étant de veiller à la surveillance et au respect des aménagements notamment lors des opérations de martelages et des exploitations. Chaque aménagement est approuvé par décision ministérielle. Ainsi lui est tracé son avenir et conféré son importance.

En dehors de toutes autres considérations on peut donc mesurer là l’incompatibilité qu’il y a entre une gestion forestière ordonnée et un Etablissement Public à caractère commercial que l’on veut rendre rentable. Rapidement il est apparu aux uns et aux autres que l’O.N.F. ne pouvait pas vivre de ses ressources. C’est alors que le Directeur Général Christian DELABALLE a cru bon d’attirer l’attention des personnels par cette belle déclaration « Les   adjudicataires de coupes ou de chasses sont nos clients ». Chacun a vite « entendu » par là : le « client est roi ». Qu’en devenait-il alors des exigences du métier et, par voie de conséquence, des observations et enquêtes disciplinaires pour leur non respect. C’est peut-être à partir de là qu’il fut considéré, en haut lieu, que la présence de personnels de terrain n’étaient plus tellement nécessaire ? Ce qui conduira à des centaines de suppressions de postes.

Dans le même temps, commerçants et industriels du bois ont vite compris les avantages qu’ils pouvaient tirer de cette nouvelle situation qui s’offrait à eux. Quoi de plus logique « les affaires sont les affaires » ! Surtout lorsque le vendeur est placé dans la contrainte de vendre. Le résultat ne s’est pas fait attendre : à quoi bon dorénavant peaufiner le travail. Dès lors « ramilles » et « houppiers » ont été abandonnés sur le terrain, et des parties entières de la coupe n’ont plus été exploitées. Ne furent plus exploités que les arbres ou parties rentables, le reste étant abandonné à même le sol. Trop de main d’œuvre tuant la rentabilité. Ce qui a conduit aux constats que chacun peut faire entre ce qu’il a connu des exploitations d’hier et celles d’aujourd’hui, à la vue du parterre d’une coupe exploitée. Alors naitra la parade : « …c’est pour nourrir la forêt. » Sauf que l’on ne vous dira jamais que tous ces rémanents qui pourrissent sur le parterre des coupes permettent aussi et surtout à tous les parasites de la forêt de s’y mieux multiplier. Si, hier, tous les branchages étaient brûlés c’était précisément pour éviter ces propagations d’insectes suceurs de sève. Les « places à feux » étaient alors désignées par l’agent forestier, sur celles visibles des précédentes exploitations.

Mais, plus grave encore, quantité de parcelles en taillis sous futaie ne sont plus exploitées, étant considérées comme insuffisamment rentables ou alors inaccessibles aux engins utilisés de nos jours dans le milieu forestier. Ce qui fait qu’en certains massifs, VAL-SUZON par exemple, on peut dorénavant trouver des parcelles de plus de 80 ans, alors qu’elles devaient connaître une exploitation tous les 40 ans. Conséquence le taillis déjà péniblement accroché en certains coteaux souffrent et meurt sur pied, ce qui veut dire que même exploité demain il n’y a plus de souches en vie, donc plus de racines, la forêt en ces lieux est perdue. Alors attention aux sources. Là est le drame qui se profile. A ne voir les forêts que sous l’angle commerce du bois se commet une très grave faute. Surtout en cette période de réchauffement climatique lequel lui aussi n’est pas combattu comme il devrait l’être par une bonne gestion forestière. Les feuilles d’un jeune arbre ont plus de capacité en photosynthèse et apport de fraîcheur que ne l’aura conservé un arbre de 80 ans. Un arbre nait, vit et meurt. Comme l’homme, avec sa jeunesse il trouvera force et vitalité, lesquelles déclineront avec sa vieillesse.

La loi impose une gestion forestière « industrielle et commerciale ». N’est-il pas temps, enfin, de corriger cette grave erreur ?

Il s’impose aux responsables politiques de prendre enfin conscience que les véritables richesses de la forêt ne se commercialisent pas et qu’il devient urgent de la traiter correctement, par une modification de la loi de 1964. Surtout qu’ils ont pour devoir : de lutter avec efficacité contre les pollutions et le réchauffement climatique. La forêt est là, qui n’attend qu’eux pour être sauvée et nous servir!

Georges BALLIOT

LA VIGIE CITOYENNE.

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