QU’IL LEVE LE DOIGT CELUI QUI SAVAIT, AVANT SA NAISSANCE, QU’IL SERAIT BLANC ET FRANÇAIS !…
A entendre certains propos, à l’approche à la prochaine présidentielle, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance de naître blanc et en Côte d’Or, même si ce fut à la limite du Morvan. Après un bref séjour rue Lecoulteux à Dijon, j’allais vivre 8 belles années dans un super beau village limitrophe de la Haute Marne : CUSSEY LES FORGES. Ensuite ce fut l’arrivée à la maison forestière de Messigny en Août 1933. Bien que sans eau au robinet et sans électricité c’était pour le gamin que j’étais un lieu extraordinaire. Avec les copains du village nous pouvions jouer, avec le plus grand plaisir, dans l’immensité forestière du camp Romain. Que de souvenirs ! Au sortir de l’école primaire ce fut la première embauche à la ferme COTETIDOT à Curtil St Seine. Puis, deux ans plus tard, les Ponts et Chaussées comme agent auxiliaire. C’est là que le lundi 27 Janvier 1941, moi français et blanc, n’ayant commis aucun délit, j’ai été arrêté et interné par l’occupant allemand lequel pourtant, parait-il, ne poursuivait que les bolcheviks et les Juifs. A croire qu’à 16 ans et demi, j’étais devenu, à mon insu, un ennemi redoutable. Après 8 jours de cave à Vantoux et une séance de « roulé-boulé » à la gendarmerie allemande de Dijon, encouragé par de nombreux coups de pieds dans les côtes, j’ai été enfin libéré. Avec Louis PALLEGOIX, fils ainé du boucher du village, lui aussi interné pour le même motif, nous devions cette consternante aventure à la dénonciation d’une bonne citoyenne du village. Peu après ce fut au tour du garde champêtre du village Armand LELONG. Dénonciations et arrestations devenaient la règle du confort. Religions et couleurs de peau étaient déjà largement dépassés.
De cette pénible époque comment ne pas rappeler au passage le triste souvenir de tous ces « collabos » fervents supporters de l’ordre et d’une implacable autorité – pour les autres – tout en s’attribuant néanmoins le droit d’aller piller les appartements, au fur et à mesure des arrestations, qu’ils initiaient contre leurs voisins qui n’avaient pas la bonne religion ou la bonne couleur de peau. Quel beau monde, nous avions là ! Alors non, nous avons vu et connu ! Et je n’oublierai jamais que nous avons été LIBERES grâce à tous ces étrangers, de couleurs et de religions diverses, venus nous secourir. Tous méritent nos infinis remerciements. Posons nous la question : sans eux où serions nous aujourd’hui !
Ce Qu’il me Fallait Dire ! G. BALLIOT.
LA VIGIE CITOYENNE.