Il est des promenades plus sympas que d’autres. Allez savoir pourquoi ? J’ai eu la joie d’en vivre de nombreuses avec des amis. Lesquels : Jackie, Michel et Pierre s’amusaient ensuite à échanger leurs jugements de valeur sur chacune d’elles. Propos toujours très objectifs et ô combien savoureux. Dommage que des enregistrements n’en aient pas été faits. Aujourd’hui ils n’en auraient que plus de valeurs. Dans ce choix collectif revenait souvent la ballade de Montmoyen avec un détour de respect du souvenir à l’ancienne ferme de Mortière, haut lieu de Résistance. Pour nous quatre, l’histoire de la famille FOLLOT, et de la ferme de Mortière restait, et reste pour ce qui me concerne, le symbole de la Résistance locale. Alors nous repassions souvent en ces lieux, face à cette modeste plaque pleine de valeur patriotique, laquelle immortalise aujourd’hui ce haut lieu.
Pour cette promenade joindre SAUSSY. Dans le village prendre la route conduisant à CHAIGNAY. Vous passerez au long du mur bordant ce qui était le château de Saussy que je signale d’un rond rouge. Je vous engage vivement au terme de ce long et haut mur de stopper à la hauteur du chemin conduisant dans cette propriété. Là sur votre gauche vous apercevrez l’imposant manège dont on peut s’autoriser, ou obtenir, la visite. Extraordinaire bâtiment avec une charpente admirable. Vous ne regretterez pas cet arrêt. Reprendre la route, après 1 bon kilomètre, une longue ligne droite en pente douce vous aurez un virage à gauche avec descente plus prononcée. A 500 mètres environ de ce virage, sur votre droite, vous trouverez l’entrée d’un chemin que j’ai marqué d’un rond rouge : le stationnement. Je rappelle que le stationnement à l’intérieur des forêts est interdit. Ensuite à pied (tracé noir) vous suivez le décrochement pour joindre l’entrée de la sommière forestière de Montmoyen. Si elle commence par une légère bosse ensuite c’est une longue, très longue déclivité en direction d’Epagny. En dehors de cette large sommière très rectiligne rien de bien particulier, sauf que vous êtes en forêt domaniale des Laverottes, un massif forestier de taillis sous futaie. Et qu’en forêt il y a toujours quelque chose à voir ou observer. Ce massif forestier est bien connu pour être très giboyeux, en cervidés surtout. Des cerfs, en provenance de CHAMBORD, y ont d’ailleurs été introduits en début des années 1950, pour conforter le peuplement de tout le secteur. Cette partie de la forêt domaniale des Laverottes permet la rencontre des mousserons, morilles, chanterelles, sans oublier de superbes jonquilles et du houx. Toute une richesse pour « pimenter » éventuellement la promenade, selon la saison. Certes il faut faire des recherches, mais c’est bien là tout le jeu de ces plaisirs que nous offre dame nature…surtout si nous savons garder sagesse ! Agrémenter sa promenade c’est bien, mais faire en sorte qu’il puisse en être de même pour d’autres, c’est mieux !
Cette marche reposante, vous pourrez à loisir la raccourcir ou l’allonger à votre choix. Le retour à l’auto vous permettra, en traversant directement la route de gagner les terres et les vestiges de l’ancienne ferme de Mortière, dont je vous donne la partie connue de son histoire, en suivant le parcours d’environ 1km 200, tracé rouge sur la carte jointe.
Pendant l’occupation Céline FOLLOT tenait la ferme de Mortière. Elle avait 3 fils : Adrien-Raymond-Bernard et une fille: Madeleine. Adrien et Raymond sont prisonniers. Céline FOLLOT conduit la ferme avec Bernard, sa fille, un domestique Stanislas et un vacher Jean Schaeffer. Contactée en mars 1944 Céline FOLLOT acceptera spontanément d’accueillir le maquis « SURCOUF » du capitaine Henri POY dit Jacques. Ce maquis deviendra emblématique dès lors qu’il sera choisi par l’Etat Major F.F.I. pour recevoir, dès le début Juin 1944, un parachutage de 15 Canadiens avec quatre Jeeps et tout un armement. Le document historique de ce maquis « La Résistance à MORTIERE » sera écrit en Juin 2002 par Bernard FOLLOT aujourd’hui décédé. Ce document peut s’obtenir auprès de la Mairie de Villecomte. Une histoire attachante qui marque le passé patriotique de cette famille ayant pris tous les risques, au nom de la LIBERTE. Dans l’évocation de ce passé Bernard FOLLOT conte la vie à la ferme pendant l’occupation et l’arrivée de 5 hommes un matin de mars 1944, alors que le froid était toujours là et qu’il neigeait. Ces émissaires, habitants de CHAIGNAY : Arsène PICARD- Louis Clémencet– Marcellin GUELLE et Raymond CHAINEAU étaient accompagnés d’un inconnu se prénommant « JACQUES » recherché dans le Jura par la gestapo. Ils étaient venus solliciter l’accord de Céline FOLLOT pour installer, à la ferme et sur ses terres, un maquis. Accord obtenu spontanément auprès de Céline et de son fils Bernard. Ce maquis deviendra « Surcourf ». Pourquoi ce nom d’un navire de guerre ? L’un des premiers maquisards : Louis PETETIN avait servi sur ce bâtiment ! Dans son récit Bernard FOLLOT livre l’histoire extraordinaire de ce maquis, qui reçoit de nombreux parachutages d’armes et munitions…mais qui connaitra des drames, y compris après la LIBERATION.
Situé près de chez nous, au cours d’une belle promenade forestière, je vous conseille le détour vers cette ex ferme, devenue en 1944 le domaine temporaire d’un maquis engagé. Certes comme d’autres, mais à là différence qu’il aura l’honneur d’avoir été choisi pour recevoir des Canadiens et des Jeeps, et surtout sans oublier qu’une femme en aura été à l’origine. Votre présence en ces lieux, même plus de 75 ans plus tard, soulignera votre reconnaissance à Céline FOLLOT, qui a tout risqué, par son accord spontané à la constitution de ce maquis sur ses terres. Elle nous a légué ainsi cette belle page d’histoire, locale et surtout patriotique, qui nous va droit au cœur… Merci Madame Céline FOLLOT, quel engagement courageux et exemplaire aura été le vôtre, dans ce combat pour la LIBERTE !
Georges BALLIOT
Voici l’été venu. A toutes et tous, je vous souhaite d’en profiter au mieux, dans le respect des règles de prudence qui s’imposent. Nous nous retrouverons, je pense, en Octobre…Merci de m’avoir suivi
LA VIGIE CITOYENNE.